Qu’est-ce que l’Infodémie ?
Ce néologisme a été lâché le 2 février dernier par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais il est utilisé de façon générale pour dénoncer l’abondance d’informations non vérifiées, ou tout simplement mensongères.
Le Forum sur l’information et la démocratie, créé en 2019 par onze organisations et centres de recherches, avait lancé en juin dernier un groupe de travail sur les infodémies. L’objectif était de formuler un “cadre de régulation” des plateformes et des réseaux sociaux permettant de répondre au chaos informationnel.
Après cinq mois de travail, ce groupe publie un rapport complet, incluant 250 recommandations aux États et aux plateformes numériques.
Le rapport soulève quatre enjeux structurels et propose des solutions concrètes pour chacun d’entre eux :
- la transparence des plateformes,
- la modération des contenus,
- la promotion de la fiabilité de l’information,
- les messageries privées
Dans ce rapport très complet que vous pourrez découvrir en intégralité, le groupe propose une série de mesures destinée à endiguer cette infodémie.
En voici quelques unes…
Des mesures proposées contre l’infodémie
Une réglementation publique :
- Les exigences de transparence doivent cibler les fonctions essentielles de toutes les plateformes dans l’écosystème de l’information publique : modération du contenu, classement du contenu, ciblage du contenu et renforcement de l’influence sociale.
- Les régulateurs chargés de faire respecter les exigences de transparence doivent disposer de solides processus de contrôle et d’audit démocratiques.
- Les sanctions en cas de non-conformité des plateformes pourraient inclure des amendes importantes, une publicité obligatoire sous forme de bannière, la responsabilité du PDG et des sanctions administratives telles que la fermeture de l’accès au marché d’un pays.
Un nouveau modèle de méta régulation :
- Les plateformes doivent suivre un ensemble de principes des droits humains pour la modération de contenu fondés sur le droit international des droits humains : légalité, nécessité et proportionnalité, légitimité, égalité et non-discrimination.
- Les plateformes devraient assumer les mêmes types d’obligations en termes de pluralisme que les radiodiffuseurs dans les différentes juridictions où elles opèrent. Un exemple serait la voluntary fairness doctrine.
- Les plateformes doivent augmenter le nombre de modérateurs et dépenser un pourcentage minimal de leurs revenus pour améliorer la qualité de l’examen du contenu, et en particulier, dans les pays à risque.
De nouvelles approches dans la conception des plateformes :
- Les normes de sécurité et de qualité de l’architecture numérique et de la construction de logiciel devraient être appliquées par une agence d’application des normes numériques. Le Forum sur l’information et la démocratie pourrait lancer une étude de faisabilité sur le fonctionnement d’une telle agence.
- Les conflits d’intérêts des plateformes devraient être interdits, afin d’éviter que l’espace d’information et de communication ne soit régi ou influencé par des intérêts commerciaux, politiques ou autres.
- Un cadre de corégulation pour la promotion des contenus journalistiques d’intérêt public devrait être défini, sur la base de normes d’autorégulation telles que la Journalism Trust Initiative; de la friction doit être ajoutée pour ralentir la propagation du contenu viral potentiellement dangereux.
Des garanties dans les services de messagerie :
- Des mesures qui limitent la viralité des contenus trompeurs devraient être mises en œuvre par le biais de limitations de certaines fonctionnalités, de fonctionnalités d’acceptation pour recevoir des messages de groupe et de mesures pour lutter contre les messages de masse et les comportements automatisés.
- Les fournisseurs de services en ligne devraient être tenus de mieux informer les utilisateurs sur l’origine des messages qu’ils reçoivent, notamment en labellisant ceux qui ont été transférés.
- Les mécanismes de signalement des contenus illégaux par les utilisateurs et les mécanismes de recours pour les utilisateurs interdits d’accès aux services devraient être renforcés.