Pourquoi cette question ?
Disons les choses clairement : en tant que consultant et formateur en social selling et co-fondateur du #social selling forum, je n’aurais jamais pensé à avoir à me poser la question et encore moins d’en faire un billet. En fait, il y a 2 raisons qui me poussent aujourd’hui à m’exprimer sur la question. La première tient à mon activité de consultant/formateur. Je travaille sur des missions de moyen terme auprès d’entreprises auprès desquels j’interviens afin d’accompagner leurs collaborateurs à s’approprier les réseaux sociaux professionnels pour faire de l’influence marché et in fine générer des contacts business de qualité.
La somme de travaux pratiques et très appliqués que constituent mes interventions nous amène souvent à nous poser la question non seulement sur le bien fondé mais aussi sur l’éthique de certaines pratiques qui peuvent être “borderline”.
La seconde raison m’est venue suite à un échange assez surréaliste avec une consultante “LinkedIn”. Après avoir accepté une invitation à rejoindre son réseau, j’ai reçu dans l’heure qui a suivi un email vantant les mérites de sa méthode et me proposant un rv téléphonique. Je précise que je ne l’ai pas reçu dans la messagerie mais bien par email même si en parallèle j’ai reçu peu ou prou la même communication dans ma messagerie LinkedIn ce à quoi je suis malheureusement habitué.
Après avoir accepté une invitation à rejoindre son réseau, j’ai reçu dans l’heure qui a suivi un email…
Que dit la CNIL ?
J’ai donc fait part de mon mécontentement à cette personne à qui j’ai dit que je ne l’avais pas autorisé à intégrer mon adresse email dans sa base d’emailing. A partir du moment où elle a un RCS, elle est soumise au RGPD et à aucun moment je n’ai consenti à recevoir des communications de sa raison sociale. Cette personne m’a très justement envoyé le lien vers le site de la CNIL qui stipule très clairement que : “la personne doit, au moment de la collecte de son adresse de messagerie :
- être informée que son adresse électronique sera utilisée à des fins de prospection,
- être en mesure de s’opposer à cette utilisation de manière simple et gratuite.”
Le point 1 n’a manifestement pas été respecté. Après on pourra toujours ergoter et dire qu’en B2B, la règle est moins stricte et peut être interprétée. Certes mais là où c’est gênant c’est que l’esprit même du RGPD n’est en la circonstance pas respectée. De plus et afin d’élargir le débat même s’il y a acceptation tacite d’entrer en communication avec son contact de premier niveau grâce aux coordonnées qu’il met à disposition dans son profil, en aucun cas il n’accepte de voir ses coordonnées intégrées au CRM, l’outil d’emailing, de marketing automation… de la personne morale qui emploie son contact.
Sachez pour la petite histoire et parce que je sais que vous n’allez pas le faire 😉 qu’il existe des outils qui vont aspirer et reconstituer vos adresses email à partir d’un simple profil LinkedIn mais c’est un autre sujet sur lequel on pourrait revenir. Voir les outils dans ce billet.
Donc qu’est il éthique de faire et de ne pas faire en termes de traitement de données en Social Selling ?
N.B.: Attention il ne s’agit pas ici de dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour être un bon “social/modern seller”. Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à :
- lire mes posts sur LinkedIn
- parcourir les nombreux articles que nous avons consacrés à ce sujet dans notre rubrique Insights.
Social Selling : ce que vous pouvez faire et devez éviter
OUI
- Ajouter le lien LinkedIn d’un contact le champ adhoc de votre CRM
- Rendre compte dans votre CRM de l’écoute active d’un prospect cible
- Inviter un de vos contacts à s’inscrire à la newsletter de votre société en lui communiquant par messagerie le lien d’inscription
- Compléter dans votre CRM le profil professionnel d’un prospect des informations figurant sur son profil LinkedIn. Attention cela exclut toute adresse email privée par exemple
- …
NON
- Intégrer ses contacts personnels dans un outil d’emailing “personnel” sans consentement explicite
- Intégrer en masse et de façon indifférenciée sa base de contacts personnelle dans une application de votre entreprise (plateforme d’emailing, CRM, Marketing Automation…). Attention cela ne veut pas dire que sélectivement vous ne le ferez pas un jour une fois un contact réel établi avec un prospect ou influenceur par exemple
- …
POURQUOI PAS MAIS …
- Faire de l’emailing en messagerie via des outils de growth hacking. Tant que LinkedIn accepte ces pratiques, pourquoi pas mais avec discernement et c’est vraiment là où le bas blesse en général. Après pour moi ce n’est pas du social selling mais du social emailing au mieux et malheureusement souvent du social spamming. Si vous n’avez que faire de votre image et de votre réputation et que vous évoluez sur un marché de “masse”, pourquoi pas. Dans le cas contraire, à éviter comme la Covid19 😉
- Recourir à l’InMail. C’est une forme qu’autorise LinkedIn moyennant la souscription à un abonnement payant. L’intérêt évident est la délivrabilité qui est garantie. Le suivi comparé à de l’emailing via votre CRM sera évidemment plus difficile. Là aussi les mêmes remarques que celles du point précédent s’appliquent.
- Intégrer l’adresse email pro d’un contact à la base de données de votre marketing automation uniquement si votre première action consiste à rechercher un consentement d’envoi de communications
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