Euclidia, un nouveau collectif européen pour la souveraineté numérique s’est constitué le 8 juillet.
En mai de cette année, le gouvernement avait présenté une nouvelle stratégie pour le “Cloud de confiance”.
Mais, adossée à des solutions fournies notamment par les géants américains, cette stratégie n’a pas obtenu l’accueil escompté. Elle a même suscitée des réactions de rejets assez véhémentes de la part de nombreux acteurs du numérique français ou européens.
Cette stratégie gouvernementale table sur l’utilisation de briques logicielles souvent américaines, jugées en avance sur l’offre européenne.
En réponse à cette stratégie jugée trop imparfaite, un nouveau collectif d’entreprises numériques, a été lancée le 8 juillet : Euclidia.
Il est constitué d’entreprises qui œuvrent dans le Cloud, et proposent des offres logicielles européennes.
Euclidia, un collectif européen où la France est bien présente
Les premiers membres en sont : Abilian, Amarisoft, Beremiz, BlueMind, Clever cloud, E.corp, Jamespot, Innoroute, Linbit, Netframe, Nexedi, Nextcloud, ng-voice, Nitrokey, OpenSVC, Patrowl, Rapid.Space, Scaleway, SenX, Signal18, Submer, Vates et XWiki…
Toutes ces sociétés sont des entreprises européennes indépendantes. Ce qui différencie donc cette alliance de Gaia-X, dans laquelle plusieurs sociétés ont passé des accords avec des Gafam.
Euclidia est aussi soutenue par plusieurs organisations européennes à but non-lucratif. Parmi lesquelles le Conseil national du logiciel libre (cnll.fr), l’Association européenne des innovateurs en télécommunications de nouvelle génération, le Fond de Dotation du Libre et OW2.
Jean-Paul Smets, son vice-président décrit ainsi ce collectif : « Cette alliance réunit les acteurs prêts à fournir sous licence des technologies cloud. Pour des gouvernements qui veulent dépendre le moins possible d’acteurs étrangers en supprimant les problèmes d’extraterritorialité ».
Les ingénieurs et développeurs réagissent aussi
Il faut le noter car ce n’est pas anodin : Euclidia n’est pas la seule réaction suscitée par l’annonce de la nouvelle stratégie gouvernementale.
Elle n’a manifestement pas fait l’unanimité. Ainsi, un collectif de jeunes ingénieurs et développeurs français a publié une lettre ouverte dans “Le Monde”, le 27 juin.
Ils y déplorent que “…la stratégie présentée par le ministère de l’économie semble hautement problématique pour plusieurs raisons.”
Puis ils notent : “A en croire le ministre, la France et l’Europe seraient démunies de moyens humains et technologiques en matière de cloud. De sorte qu’il conviendrait aujourd’hui, comme un aveu de capitulation, de s’en remettre aux Gafam. Ce serait ignorer les acteurs du cloud français tels OVHcloud, Clever Cloud, 3DS Outscale, Scaleway, Oodrive, Rapid.Space ou Ikoula. Ces entreprises d’excellence emploient aujourd’hui plusieurs milliers de personnes. Elles ont trouvé clientèle chez près de la moitié du CAC 40, et gagnent la confiance d’un nombre croissant d’acteurs en France et en Europe.”
Enfin, ils notent que le gouvernement “…préfère faire la part belle aux Gafam. Faisant fi de l’engagement de ces acteurs du cloud français, il y a lieu de s’interroger : le gouvernement est-il seulement à leurs côtés ?”
Euclidia, une initiative sur fond de flambée boursière des GAFAM
Un autre phénomène vient amplifier le malaise et les interrogations liées à cette question de Souveraineté Numérique.
En effet, dans un contexte de crise liée au Covid19, les cours boursiers des GAFAM ont flambé ces derniers jours.
Ils atteignent désormais des niveaux inédits.
BFM note ainsi le 7 juillet que pour la première fois, les trois plus grosses capitalisations boursières de la planète sont des GAFAM.
Les 5 groupes technologiques américains emblématiques pèsent désormais plus de 9.000 milliards de dollars.
(C’était 4.000 milliards de dollars en mars 2020, juste avant le début de la crise sanitaire mondiale)
A ce niveau, effectivement, il y a lieu de s’interroger sur le poids exercé par ces entreprises sur l’économie française et européenne.
Mais aussi sans doute sur l’influence considérable qu’elles exercent sur la culture, les choix de société, et la capacité d’action de certains états.
D’où la nécessité d’apporter des réponses rapides et concrètes en termes de Souveraineté Numérique.