L’éthique est de plus en plus présente dans la technologie et le digital. Chaque semaine nous apporte une nouvelle initiative, parfois émanant de collectifs, d’autres fois individuelles.
Chacune de ces initiatives vise à apporter un regard neuf sur l’approche de la technologie et de l’innovation, en la mettant un peu plus au service réel de l’humain.
Et surtout, par extension, en évitant les écueils que peuvent générer une exploitation sans nuance de cette technologie.
Dans ce contexte en ébullition, c’est aujourd’hui un jeune ingénieur, Jean-Pascal Bois, qui lance une réflexion sur le rôle de l’ingénieur.
Voici son constat, et comment il décrit la crise à laquelle un ingénieur doit aujourd’hui faire face :
Pour mieux comprendre cette crise, rappelons le constat fait par Fanny Verrax et Laure Flandrin dans leur ouvrage Quelle éthique pour l’ingénieur ? (éd. Charles Léopold Mayer, 2019) : « Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la libération du rythme de la croissance économique et l’accélération du progrès technique ont transformé les sociétés occidentales. Jamais dans l’histoire humaine les existences individuelles et collectives n’ont été à ce point conditionnées par l’économie et traversées par les techniques. Mais les possibilités émancipatrices des réalisations de l’ingénierie humaine se retournent aujourd’hui en véritables menaces : désormais déployées à l’échelle planétaire, elles mettent en danger les équilibres socio-environnementaux et parfois même l’avenir de l’humanité ».
En effet, depuis la révolution industrielle, l’utilisation intensives des machines par l’homme a généré des pollutions qui ont mené la planète dans une situation écologique désastreuse. Jusqu’à présent, il semble que les ingénieurs ne se soient que trop peu posés la question de l’impact environnemental de ces technologies. Des facteurs comme l’évolution récente de la formation, la « soumission » aux valeurs de l’entreprise, le morcellement du travail, ou encore un recours massif à la sous-traitance, limitent leur capacité à appréhender ce phénomène.
[…] à plus ou moins court terme, apparaît le risque que les ingénieurs soient attaqués par la société civile (comme c’est le cas au Québec depuis les années 2000).
La permaingénierie, qu’est-ce que c’est ?
Face à ce contexte, l’auteur propose un nouveau terme, celui de “Permaingénierie”.
Voici comment il l’explicite, et pourquoi :
Je propose un engagement à destination des ingénieurs que j’appelle « permaingénierie ». Ce terme est la contraction des mots « permaculture » et « ingénierie ». On peut se demander pourquoi faire référence à un terme qui renvoie au travail de la terre… Dans son Introduction à la permaculture (Passerelle, 2013), Bill Mollison écrit que le but de la permaculture est « de développer des modes de vie et de fonctionnement qui ne nuisent pas à l’environnement et qui soient viables économiquement, qui subviennent à leurs propres besoins, qui n’abusent ni des humains ni du vivant, qui ne polluent pas la terre ». Il est important de noter que cette pratique permet également de régénérer les écosystèmes, en visant une grande capacité de résistance aux crises à venir.
Les engagements du permaingénieur :
- être engagé déontologiquement
- concevoir sobrement la technologie, être capable d’en évaluer le rapport bénéfice/risque
- partager son savoir et le rendre accessible au plus grand nombre, de manière juste et équitable
Nous vous invitons à découvrir l’article complet explicitant cette démarche plus en détail, et à suivre cette idée éventuellement, en la soutenant : pour un début d’année plein de promesses.
Pour en savoir plus :
l’article d’Usbek et Rica