L’éthique des grandes entreprises : faut-il y croire encore ?
Certes, la question est provocatrice, mais elle se justifie pleinement. Et c’est une histoire de cellules qui nous le rappelle.
D’ailleurs, il ne se passe pas un jour sans qu’elle ne soit posée.
C’est RTL qui il y a quelques jours débattait de nouveau de cette question lors d’une rencontre radiophonique, que vous pouvez écouter sous forme de Podscast : Le numérique saura-t-il rester éthique ? ( avec Jacques Attali, Cynthia Fleury, Christophe Galfard et Antoine Lissowski)
Ce que d’aucun traduiront par “Le numérique saura-t-il DEVENIR éthique ?
Il est beaucoup question dans ce podcast de l’éthique du numérique, et notamment de la propriété de nos données.
Mais vous y trouverez mention aussi d’une histoire totalement incroyable, et pourtant vraie. Celle d’Henrietta Lacks, décédée en 1951 d’un cancer du col de l’utérus.
On lui préleva à l’époque, sans son consentement, des cellules qui ont une particularité extraordinaire. Elles sont immortelles.
A l’époque, on cherchait encore à effectuer des tests en laboratoire sur des cellules, pour faciliter la recherche médicale.
Mais l’on se heurtait toujours au même problème : les cellules mourraient au bout de quelques générations.
Jusqu’au jour où l’on fit se reproduire les cellules d’Henrietta. Depuis 70 ans, cette souche de cellules, baptisée Hela, est utilisée dans les laboratoires du monde entier, et même dans l’espace.
Elles ont permis des avancées considérables dans des pathologies très diverses.
Mais personne n’en avait jamais informé la famille Lacks.
Pire encore, et c’est sans doute l’une des raisons de ce choix, les descendants d’Henrietta n’ont jamais perçu la moindre rémunération à propos de ces cellules.
Pourtant, certains laboratoires ont fait fortune à partir de recherche menées sur ces cellules, alors que la famille Lacks a parfois vécu dans la misère, sans même avoir accès aux soins (faute de couverture santé).
De là, cette réflexion par rapport à l’exploitation de nos données personnelles, qui enrichissent tous les jours les GAFAM et autres empereurs du numérique.
Ne sommes-nous pas tous devenus des Henrietta Lacks ?
Pour en savoir plus sur les cellules Hela, voir ici.