L’expert Jean Marc Jancovici, notamment impliqué dans la recherche de solution pour la crise climatique, partageait récemment un article de Novethic, lui-même reprenant des chiffres émanant de World Inequality Database (WID).
L’infographie ci-dessous résume certains de ces chiffres, d’autres émanant de l’organisation OXFAM.
Au niveau mondial, les 10 % des principaux émetteurs mondiaux (771 millions de personnes) émettent en moyenne 31 tonnes de CO2 par personne et par an. Ils sont responsables d’environ 48 % des émissions mondiales de CO2. Les 50 % les plus pauvres sont responsables de près de 12 % des émissions mondiales de carbone en 2019 (3,8 milliards d’individus qui émettent en moyenne 1,6 tonne par personne). Le top 1% mondial contribue à 17% des émissions de CO2 en un an (ils émettent en moyenne 110 tonnes).
L’inégalité mondiale des émissions par habitant est due à de grandes inégalités d’émissions entre les pays. Actuellement, les émissions moyennes en Europe sont proches de 10 tonnes de CO2 par personne et par an. En Amérique du Nord, l’individu moyen émet environ 20 tonnes. Cette valeur est de 8 tonnes en Chine, 2,6 tonnes en Asie du Sud et du Sud-Est et 1,6 tonne en Afrique subsaharienne.
Depuis 1990, les émissions des 1 % les plus riches ont augmenté plus rapidement que celles de tout autre groupe en raison de la montée des inégalités économiques au sein des pays et du contenu en carbone de leurs investissements.
Les niveaux d’émissions par habitant de la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’ont augmenté que modérément depuis 1990, passant de 1,2 tonne à 1,6 tonne sur la période. Les émissions moyennes des 50 % les plus pauvres de la planète restent aujourd’hui environ 4 fois inférieures à la moyenne mondiale. Le milliard d’individus les plus pauvres de la planète émet moins d’une tonne de CO2 par habitant et par an.
Les recommandations de WID sont les suivantes :
- Surveillance . Il est urgent de développer des systèmes de surveillance publics pour mesurer les émissions de carbone des individus. Avec un accent particulier sur les émissions de carbone intégrées dans la consommation et dans les portefeuilles d’investissement.
- Rapports. La délibération publique pourrait fixer des objectifs clairs en termes de réduction des émissions par habitant (pas seulement en termes de totaux nationaux). Elle doit développer des systèmes d’information permettant aux individus de vérifier la distance entre leurs propres niveaux d’émissions et les objectifs nationaux par habitant.
- Taxation. Les politiques climatiques ont été supportées de manière disproportionnée par les consommateurs à faible revenu au cours des dernières décennies. Ceci notamment via les taxes sur le carbone et l’énergie. Il faudrait mettre davantage l’accent sur les pollueurs riches.
- Affectation. Les acteurs publics doivent augmenter significativement leurs investissements dans les infrastructures de production d’énergie à faible émission de carbone, les transports et l’efficacité énergétique afin d’assurer une transition équitable. Globalement, des investissements annuels supplémentaires dans la transition énergétique de l’ordre de 2% du PIB mondial sont nécessaires (représentant 1800 milliards de dollars supplémentaires en 2021).
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