Entretien avec Mathieu Llorens (ML), CEO de la société AT INTERNET
Tech Ethic (TE) : En quelques mots, pouvez-vous nous présenter votre société et votre positionnement ?
ML : AT Internet est un acteur mondialement reconnu et leader européen du digital analytics. Notre solution, l’Analytics Suite, mesure et analyse l’audience web et mobile d’acteurs digitaux basés dans de multiples secteurs, notamment les médias, les assurances, la finance, la santé, l’e-commerce et l’institutionnel.
Notre mission est d’aider nos clients, issus de tous les métiers de l’entreprise, de l’expert data aux cadres dirigeants, à améliorer leurs performances digitales, à renforcer l’engagement de leur audience et à stimuler leur croissance à long terme. Pour y parvenir, nous leur fournissons des données fiables, respectueuses de la vie privée et strictement conformes au RGPD. Récemment, nous avons fusionné avec Piano pour créer la première plateforme mondiale d’optimisation de l’expérience client alimentée par le digital analytics. Piano propose une gamme de logiciels innovants qui agissent sur l’ensemble du parcours client pour stimuler l’engagement, la conversion, la monétisation et la rétention des audiences. Avec l’apport de l’intelligence analytique d’AT Internet, les deux sociétés vont renforcer leurs capacités d’orchestration et de personnalisation des parcours clients.
TE : À qui s’adresse en priorité votre solution Analytics Suite, que ce soit en termes de marchés, de types d’entreprises et d’utilisateurs cibles ?
ML : L’Analytics Suite est utilisée par certaines des plus grandes marques média au monde, notamment la BBC et Le Monde, ainsi que par un large éventail d’entreprises, dans différents secteurs. Parmi elles, citons notamment AXA Assurance, le Crédit Agricole, Novartis (santé), Longchamp ou encore La Poste. Sa puissante architecture technique lui permet de gérer une quantité illimitée de données et d’offrir une forte valeur ajoutée aux petites comme aux grandes entreprises. Il s’agit d’une solution flexible et facile d’utilisation, qui produit des données exploitables par tous les services de l’entreprise : les experts data, les équipes produits, les responsables marketing ou encore la direction.
TE : En quoi votre offre se distingue de celle de vos concurrents ? Quels sont vos éléments différenciateurs clés ?
ML : En tant que pure player de l’analytics, AT Internet se distingue fortement de ses concurrents. Les données recueillies sont la propriété exclusive de nos clients. Elles ne sont jamais utilisées à d’autres fins. Nous fournissons des données de très haute qualité, certifiées par différentes associations reconnues de mesure d’audience et de dénombrement des médias comme ABC (Royaume-Uni) et Médiamétrie/ACPM (France). Notre solution met également l’accent, dès sa conception, sur une stricte conformité au RGPD ainsi qu’un profond respect de la confidentialité et de l’éthique. Grâce à cette exigence, nous bénéficions d’une exemption de recueil préalable de consentement dispensée par la CNIL.
L’Analytics Suite est aussi une solution clé en main qui offre une interface conviviale adaptée à tous les services, secteurs et types d’organisations, quelle que soit leur taille. Enfin, à la différence d’autres acteurs du marché digital analytics, nous proposons à nos clients un accompagnement technique et stratégique illimité.
TE : En tant que fournisseur d’une solution digital analytics, quel regard portez-vous sur la pollution numérique ? Quels sont les dangers et les enjeux ?
ML : La pollution numérique atteint un niveau record cette année. En visant la quantité plutôt que la qualité, le secteur de la donnée a commis les mêmes erreurs que l’industrie agroalimentaire avec sa surproduction de masse. D’où, l’infobésité et la toxicité des données que nous connaissons actuellement.
Cependant, l’approche actuelle de type « Big Data » (à savoir collecter, stocker et accumuler de gigantesques volumes de données) sera très bientôt dépassée. Les marques commencent à se rendre compte des effets néfastes de la surproduction et de la surexploitation des données, non seulement sur le processus décisionnel, mais aussi sur la confiance des internautes envers leur offre. Or, ces derniers dommages sont irréversibles. Il est donc tout à fait dans l’intérêt du secteur de tendre vers des données de bien meilleure qualité, en appliquant des processus de vérification et une véritable traçabilité des données, de la collecte à l’utilisation finale.
TE : Avez-vous adopté une démarche éthique au sein d’AT Internet ? Si oui, comment se manifeste-t-elle ?
ML : L’éthique by design constitue le fondement de notre stratégie de produit. Plus généralement, la transparence et le respect de la confidentialité des internautes ont toujours été inscrites dans l’ADN de notre entreprise. Il est impossible de concevoir une solution analytics efficace et fiable sans une relation de confiance absolue entre l’éditeur, l’outil et ses utilisateurs.
AT Internet prône aussi une approche écoresponsable et résolument éthique de la collecte de données. En application directe d’un principe de minimisation, nous recueillons exclusivement des données exploitables et activables. En résultent une gestion des données optimisée et une consommation plus intelligente, avec des requêtes moins énergivores. Notre système de stockage cloud est lui aussi plus écologique grâce à sa consommation d’énergie drastiquement réduite.
TE : L’autre volet de votre approche éthique by design concerne la protection des données personnelles et le respect de la vie privée. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet engagement ?
ML : AT Internet s’engage depuis toujours pour le respect de la vie privée des utilisateurs et pour la promotion des valeurs fondamentales de la protection des données. La confidentialité a toujours figuré au cœur de notre approche et ça perdurera. Nous garantissons la transparence la plus totale en ce qui concerne la collecte, le traitement et l’utilisation des données, tant sur nos sites que sur ceux de nos clients.
Notre Analytics Suite est parfaitement conforme au RGPD et certifiée par des organismes d’audit indépendants dans le monde entier. Comment cela-se traduit-il concrètement ? Nous stockons toutes les données de nos clients au sein de l’Union européenne, en suivant les standards et les procédures de sécurité les plus stricts. Par ailleurs, nous sommes uniquement une société analytics. Par conséquent, contrairement à d’autres fournisseurs de solutions, nous n’utilisons pas les données que nous recueillons à des fins publicitaires ou autres.
TE : Selon vous, en quoi l’adoption d’un comportement éthique peut-elle favoriser la performance au sein d’une entreprise ?
ML : Le concept de minimisation des données fait partie d’une démarche durable : la sobriété numérique. Il s’articule autour des besoins d’analyse réels, dans l’objectif de réduire autant que possible la pollution numérique. La sobriété numérique et le principe éthique de minimisation des données collectées offrent aux marques un formidable levier pour optimiser leurs performances. L’idée est de recueillir des données exploitables et de les traiter de manière responsable, sélective et intelligente pendant une période limitée. Les entreprises s’assurent ainsi des données plus récentes, plus précises, plus respectueuses de la vie privée et moins énergivores. En résulte un cercle vertueux où tout le monde est gagnant : les clients, du fait de l’optimisation de leur expérience ; les entreprises, qui constatent une hausse de leur valeur, et la planète, moins impactée.
TE : comment voyez-vous l’avenir de l’éthique des données et du digital analytics à court/moyen terme ?
ML : Dans le contexte actuel basé sur l’économie de la confiance, Internet doit impérativement devenir un moyen de communication ouvert et transparent. Cela implique de redonner le contrôle aux utilisateurs. Sur ce champ de bataille, il faut s’attendre prochainement à un grand face-à-face entre les grands acteurs et le reste de l’écosystème.
L’application des dernières lignes directrices de la CNIL relatives aux cookies et autres traceurs témoigne d’une prise de position de plus en plus forte de la part des autorités réglementaires européennes sur l’importance du consentement. Désormais, tous les acteurs concernés doivent prouver leur responsabilité et leur légitimité, documents à l’appui, en prévision de contrôles ou de plaintes. L’adoption de pratiques numériques éthiques est un passage obligé pour restaurer la confiance des internautes.
TE : Merci beaucoup, Mathieu Llorens !
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