L’ARCEP, Autorité de Régulation des Communications Electroniques et de Postes, continue ses actions d’observation sur l’impact écologique de l’usage du numérique.
Elle met à jour régulièrement son copieux dossier / rapport publié en 2020, qui compte pas moins de 130 pages.
Si le numérique est un levier essentiel pour la transition écologique et la lutte contre le réchauffement climatique, ce dernier ne doit pas contribuer davantage à la hausse des émissions.
D’après diverses études réalisées ces deux dernières années, le numérique représenterait aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et 2 % de l’empreinte au niveau national (phase de production et phase d’utilisation comprises).
Or, il est important de noter que le cycle de vie des équipements numériques produit des rejets ou des consommations nuisibles, mais en suivant une logique contre intuitive.
Ainsi, comme le rapporte l’ARCEP dans une petite étude de mars 2023, avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa (trop courte) vie !
“Avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa (trop courte) vie.”
Etonnament, son transport et sa distribution ne comptent que pour 1% dans l’impact global de ces produits. Restent 20 % pour la consommation générée par l’usage du produit lui même.
Impact écologique du numérique : 300 kg de déchets par français par an
L’importance de la fabrication des équipements dans l’empreinte carbone du secteur nous rappelle que les services numériques et la «dématérialisation » qu’ils sous-tendent dépendent en fait d’infrastructures et de terminaux bel et bien matériels et consommateurs de ressources. Ainsi, le numérique est aussi un facteur d’épuisement de certains métaux et minéraux, comme peuvent l’être d’autres industries.
A titre d’exemple, une personne vivant en France génère, pour ses seuls usages numériques, près de 300 kilos de déchets par an (y compris les déchets électriques et électroniques ainsi que les déchets liés à l’extraction de matières premières).
En 2020, le nombre total de terminaux en France a été estimé à près de 800 millions.
Les terminaux dont l’empreinte carbone est la plus élevée sont de loin les smartphones, les téléviseurs et les ordinateurs portables ou fixes. Ensemble, ils représentent plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du numérique.
Vers un triplement de l’impact écologique du numérique en 2050 ?
Sans actions importantes, les émissions de gaz à effet de serre du numérique augmentent de 45% à horizon 2030, et triplent à horizon 2050.
Cette hausse des impacts est portée par la croissance des usages, elle-même soutenue par un parc grandissant de centres de données. Ces derniers pourraient représenter 22 % des émissions de gaz à effet de serre du numérique en 2050, malgré l’utilisation de technologies leur assurant une meilleure efficacité énergétique.
Il faut noter de plus que ces chiffres émanent d’études effectuées avant l’explosion très récente de l’Intelligence Artificielle, qui risque de renforcer notablement les usages du nulériques et les consommations.
Comment agir ?
Parmi les pistes qui permettent de réduire l’impact écologique du numérique, on peut citer :
- L’allongement de la durée de vie des équipements de 1 ou 2 ans grâce à l’éco-conception, la réparation ou un usage plus sobre du numérique ;
- La limitation du nombre d’équipements grâce à un usage plus sobre du numérique, l’utilisation de produits reconditionnés ou à la mutualisation des équipements ;
- La substitution progressive des équipements les plus gourmands en ressources, notamment par la baisse du parc des téléviseurs au profit des vidéoprojecteurs.
Les études rappellent également que la substitution d’équipements très consommateurs peut aussi passer par la diminution de la taille des écrans des téléviseurs ou des ordinateurs, qui est directement corrélée à leur consommation d’énergie.
Aller plus loin en appliquant des principes d’éco-conception « généralisée » permettrait de diminuer la consommation de ressources de 15% et de stabiliser l’empreinte carbone croissante du numérique (+5%).
La combinaison d’actions de sobriété (telles qu’intégrées au scénario de sobriété) et d’efforts d’éco-conception « généralisée » permettrait, quant à elle, de réduire les émissions de gaz à effet de serre (- 16%) plutôt que les stabiliser.
Dans le scénario de sobriété (qui est le scénario le plus ambitieux pour la réduction des impacts environnementaux du numérique), la consommation de métaux et minéraux indispensables à la fabrication de nos équipements numériques baisse également de manière significative (-30%) et la consommation d’énergie finale diminue de moitié (-52%).
Sources :
étude ADEME ARCEP 2020-2030-2050
Rapport ARCEP 2020 pour un numérique soutenable
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