L’infobésité n’est pas née soudainement. Elle s’est lentement installée lors du développement de l’Internet dans les années 90. Puis, elle a connu une envolée considérable du fait de l’accessibilité des terminaux : ordinateurs portables d’abord, et smartphone ensuite.
C’est cette capacité à pouvoir utiliser des outils informatiques en toutes circonstances qui a conduit à une sollicitation permanente. Et ceci, dans un cadre professionnel mais aussi personnel.
Selon une étude de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), la quantité d’informations disponibles a augmenté de manière significative au cours des dernières décennies, passant d’environ 2 heures d’informations quotidiennes dans les années 1980 à plus de 10 heures en 2020.
56% des Français déclarent se sentir submergés par la quantité d’informations auxquelles ils sont exposés, selon une étude menée par la fondation Aviva en 2019.
Selon une enquête du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), 62% des Français affirmaient consulter un autre écran (smartphone, tablette, ordinateur) tout en regardant la télévision en 2019.
Ce qui prouve entre autre que la télévision a perdu son leadership en termes de communication.
Un panorama précis de l’infobésité en France
Chaque année, à partir de ces données agrégées et anonymisées, Mailoop publie pour l’OICN un référentiel synthétique. Cela permet d’alimenter des benchmarks utiles à l’écosystème.
Dans son édition 2023, ce référentiel donne des chiffres et dresse quelques constats intéressants.
Par exemple, il fait remarquer fort justement que l’email a été pensé comme un moyen de communication asynchrone. Dans les usages, il est en réalité devenu un outil de conversations instantanées. Les notifications, sur le bureau ou les smartphones, participent à cette hyper-réactivité.
Les conséquences sont multiples : augmentation du bruit numérique lié aux croisements des réponses, baisse de la qualité conversationnelle, sentiment d’urgence permanent générant stress et anxiété.
Le COVID, accélérateur des échanges numériques ?
La crise sanitaire et surtout le confinement qui en a découlé a probablement donné un gros coup de pouce à l’infobésité.
Le développement du télétravail a accéléré la digitalisation de la collaboration. Cette mutation, appuyée par de nouveaux outils et canaux de communication, pour qu’elle réussisse, demande
de nouvelles compétences aux collaborateurs et collaboratrices, managers et dirigeant·es : capacité au travail asynchrone, respect des temps de pause, rationnalisation des temps de visio, maîtrise des nouveaux outils collaboratifs et du travail sur fichier…
En mesurant les usages numériques, il est ainsi possible de révéler la maturité et la capacité d’une organisation à passer en mode hybride, de comprendre son nouveau fonctionnement, et de déployer des indicateurs de suivi pour aider les managers à prévenir les situations à risque.
Quelques conseils de bon sens
Le rapport sur l’infobésité en se contente pas de donner des chiffres. Il livre aussi quelques conseils plein de bon sens.
Ainsi, il rappelle que : “Lorsqu’un échange dépasse les trois réponses, l’email n’est pas l’outil le plus adapté pour collaborer efficacement. Pourtant, par mimétisme et automatisme, nous répondons à notre interlocuteur par le canal qu’il utilise. Pour sortir du cercle vicieux, il est intéressant de questionner le choix du canal de communication, et revaloriser les échanges humains quand ils sont possibles.”
Il est aussi question des outils logiciel de collaboration. Lorsqu’ils sont maîtrisés, les informations sont plus facilement disponibles pour l’ensemble des parties prenantes. Pourtant, près de 90 % des collaborateurs et des collaboratrices ne les utilisent toujours pas régulièrement. A l’heure du travail hybride, l’adoption de ces outils doit être finement étudiée pour identifier rapidement les actions prioritaires à mettre en place.
Et l’impact carbone de l’infobésité ?
En se concentrant sur l’usage des mails, ce rapport évalue à 7.1 kg de CO2 par an l’émission de chaque collaborateur.
Les flux de communication migrent toujours plus vers des services hébergés sur le cloud.
Les données virtuelles y sont physiquement hébergées, et de nombreuses fois répliquées. Les datacenters consomment toujours plus d’énergie avec l’explosion des volumes de données.
Ils représentent près de 3% de la consommation mondiale en 2022. Probablement plus de 10% en 2030. Il est important d’adopter des pratiques numériques plus sobres, en agissant sur les leviers ayant vraiment de l’impact : réduire les stocks et les flux.
Pour plus de chiffres et d’informations :
www.infobesite.org
|||