Nous vous présentons aujourd’hui le livre de David FAYON, « Informez-vous ! ».
Un excellent ouvrage qui réussit le tour de force de balayer et d’informer sur tous les enjeux sociétaux de notre temps jusqu’à ceux du numérique et de l’IA, des opportunités qu’ils offrent aux risques d’hyper dépendance et d’abandon de souveraineté vis à vis des géants américains.
A lire absolument !
- L’information a toujours été source de pouvoir
- Le numérique avec l’innovation reste le dénominateur commun mais élargi aux questions de société. Pourquoi ?
- L’importance du recul et du temps long
- Des propositions transpartisanes et de bon sens pour que la France ne décline plus
- La liberté doit perdurer dans le cadre du droit positif
L’information a toujours été source de pouvoir
La bonne information conduit à la meilleure décision possible. D’où la nécessité que celle-ci soit fiable, la plus exacte possible et contextualisée.
Par exemple dire que le chiffre d’affaires a baissé de 3 % d’un mois N d’une année A par rapport à celui d’un mois N de l’année A – 1 n’a de sens que si le nombre de jours travaillés est le même. Si on a un jour travaillé de moins, à périmètre constant, le chiffre d’affaires a progressé pour une vingtaine de jours ouvrables dans le mois.
Et encore, ce raisonnement ne vaut pour les ventes faites pour un produit uniquement disponible en magasin car avec Internet les sites marchands sont ouverts 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Tout ceci montre l’importance de contextualiser pour ne pas induire un dirigeant en erreur, lequel raisonne juste mais encore faut-il que les données qui lui sont communiquées soient justes et sincères.
Comme l’information est source de pouvoir, des dirigeants ont eu peur que le pouvoir leur échappe avec les nouvelles technologies avec 4 étapes côté des télécoms et numérique : 1.le téléphone, 2. le mél, 3. les réseaux sociaux et désormais 4. les intelligences artificielles génératives qui ont la faculté de créer.
À chaque révolution technologique, la décision prise a été de brider ou d’interdire plutôt que de chercher un équilibre bénéfique pour tous. A contrario les exécutants ont eu peur de perdre leur travail : révolte des Canuts lyonnais lors de l’apparition de la machine à tisser de Jacquard au début du XIXe siècle, chauffeurs de taxi par rapport aux conducteurs Uber et désormais les cols blancs, plus les juniors pour l’heure face aux IA génératives car les seniors ont emmagasiné un vécu qui reste encore précieux mais pour combien de temps encore car le tsunami IA est là.
Or les données produites ne font que croître dans un processus entropique selon typiquement la loi de Moore et qu’arrivent les IA génératives. Celles-ci peuvent comporter des biais et produire des hallucinations sans compter les ressources énergétiques qu’elles nécessitent.
Plus que jamais les questions éthiques se posent quant aux possibles erreurs et manipulations de l’opinion ou tant des décideurs que des exécutants. Avec les informations qui se multiplient il est important de décider vite dans un monde complexe et incertain (d’aucuns parlent de VUCA ou de BANI).
Ceci nécessite une pratique de l’information car « c’est en forgeant qu’on devient forgeron » et une solide culture générale – d’où l’importance de repères historiques – et la capacité à adopter une approche holistique en faisant des ponts entre des domaines de connaissance très différents. Nous sommes même dans la 7 e étape de l’information comme illustré dans ce schéma page 11 :
Le numérique avec l’innovation reste le dénominateur commun mais élargi aux questions de société. Pourquoi ?
Des grandes nations et empires ont décliné (Athènes, Rome, la Chine). Il est important de comprendre pourquoi alors même que la France connaît une crise sans précédent et que des dirigeants s’accrochent au pouvoir quoi qu’il nous en coûte.
Il est également pertinent de s’inspirer de bonnes pratiques qui marchent dans d’autres pays mais de les adapter à nos singularités (Suisse, Estonie, Irlande, etc.). En outre nous devenons une colonie numérique des États-Unis et de la Chine avec les champions de ces pays qui possèdent une connaissance des habitudes de consommation des citoyens.
Nous sommes tributaires de ces acteurs ce qui induit une perte de souveraineté et que chaque citoyen français n’est plus réellement maître de ces décisions et qu’une panne d’Internet peut mettre KO la société toute entière ou presque. Nous sommes finalement les vassaux numériques des États-Unis et ceci est inacceptable pour une société dite démocratique comme la nôtre. Il convient d’en être conscient pour développer nos propres outils mais sur l’ensemble de la chaîne de valeur du numérique (cf. schéma page 39).
L’importance du recul et du temps long
Dans l’entreprise l’espérance du dirigeant est souvent limitée et conditionnée par des profit warnings d’actionnaires qui rendent plus difficile la stratégie à long terme et même à moyen terme. Et parallèlement les cycles d’innovation se raccourcissent, ce qui induit une difficulté de pilotage lequel est parfois effectué à vue.
Dans le monde politique, l’élu pense plus à sa réélection qu’à la prochaine génération, ce qui paralyse le pays et le prive de réformes structurelles nécessaires et laisse des cadeaux empoisonnés pour les générations futures. Distribuer des chèques creuse la dette avec des intérêts qui s’ajoutent à l’ardoise…
Le citoyen est par ailleurs le nez dans le guidon et happé par les écrans et la surcharge informationnelle et le flot de notifications avec une porosité des sphères professionnelles et personnelles ; il prend rarement le recul et le temps de respiration qui est nécessaire dans toute démocratie. C’est du reste la raison pour laquelle toute campagne électorale se termine le vendredi à minuit qui précède le dimanche, jour du scrutin, temps minimum pour réfléchir à son choix et les conséquences de celui-ci.
Des propositions transpartisanes et de bon sens pour que la France ne décline plus
La France a des atouts (territoire, talents, histoire, gastronomie, etc.) mais elle est diluée dans une Europe sans marges de manœuvre et prisonnière de normes, de contraintes administratives parfois abracadabrantesques. Aussi une autre Europe est possible avec une souveraineté renforcée ou du moins un vrai principe de subsidiarité pour conserver ses singularités qui s’inscrivent dans un schéma de tradition tout en étant tournée vers la
modernité (positive et inclusive mais pas au sens wokisme du terme).
Rappelons qu’initialement le traité de Rome en 1957 et la construction européenne s’étaient inscrites dans une paix durable entre la France et l’Allemagne. Les rivalités entre les 2 nations poumons de l’Europe ont conduit au désastre de Sedan (1871) puis aux 2 guerres mondiales. Or le spectre de la paix s’éloigne et des aides sont allouées pour des pays extra-
UE alors que la pression fiscale augmente sans résultat tangible.
Au contraire, l’effet Laffer « trop d’impôt tue l’impôt » et les votes extrêmes progressent de façon inquiétante. Il est urgent de réindustrialiser tout en respectant l’environnement. La clef est de répondre à des injonctions paradoxales qui sont possibles si le cap est clair, partagé et expliqué. C’est la question du sens qui doit être présente à tous les niveaux, tant en entreprise que dans le monde politique qui n’a d’exemplaire que l’étiquette…
Des chantiers de simplification et de rationalisation des 3 fonctions publiques sont vitales pour rendre notre économie performante, la suppression des silos des administrations avec la transformation digitale qui doit être matière à repenser les processus plutôt que d’ajouter une couche de numérique sur des services bancals, la réduction du nombre de niveaux administratifs en revenant aux 22 régions d’avant mais en supprimant départements et intercommunalités tout en fusionnant des communes, la suppression et la fusion d’instances, de commissions ou de hauts comités pour plus d’efficacité et mieux utiliser les deniers publics.
Mais aussi moins d’agents pour les fonctions de back office qui peuvent être rationnalisées et repensées avec l’intelligence artificielle mais aussi un peu plus d’agents pour les fonctions de front office qui sont au contact des citoyens (policiers, pompiers, professeurs, infirmiers, juges, etc.). Ce sont à la fois les investissements pour l’avenir d’une part et des fortes économies à consentir pour ancrer la France dans le monde du XXIe siècle où l’on assiste à nouveau au choc des puissances où finalement chaque nation n’a pas d’amis mais des intérêts. Il est regrettable d’avoir attendu Trump 2 pour s’en rendre compte.
La liberté doit perdurer dans le cadre du droit positif
Au lieu de réguler, taxer, interdire, culpabiliser, punir, nous devrions avoir la présomption de bonne citoyenneté et si des abus sont commis, sanctionner. Or la tentation de réguler voire de censurer les réseaux sociaux qui sont les cafés du commerce 2.0 est une entrave à la liberté d’expression et à la démocratie. Pour autant, la santé mentale, l’addiction aux écrans
et les algorithmes non éthiques qui nous enferment dans des bulles de filtre ne peuvent être ignorés. Il s’agit de faire preuve de discernement plutôt que d’infliger des punitions collectives qui pénaliseraient ceux qui en ont réellement besoin. Et une maxime est à garder à l’esprit car si « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », « fake news un jour n’est pas fake news toujours ».
Et c’est pour cela qu’il est important de respecter le pluralisme, de varier ses sources d’information y compris de personnes qui ne pensent pas comme soi et de scander et de lire Informez-vous !
Le livre de David FAYON est disponible ici.
