La souveraineté économique, notamment remise en lumière du fait de la crise Covid et de certaines pénuries liées, fait l’objet d’un rapport sénatorial.
Franck Montaugé, sénateur (PS) du Gers, co-rapporteur du document avec Sophie Primas (LR) et Amel Gacquerre (Modem) ont remis à Bercy un rapport de 300 pages, intitulé “Cinq plans pour reconstruire la souveraineté économique”.
Selon ce rapport, “Pour relancer la filière minière française, et répondre ainsi aux besoins économiques et difficultés géopolitiques actuels, une politique minière ambitieuse doit être absolument mise en œuvre… Nous demandons d’abord un inventaire en profondeur du sous-sol et après de réoctroyer des permis d’exploration et d’exploitation minières sur des standards durables”.
La transition énergétique repose sur les métaux critiques, soulignent-ils par exemple, en rappelant qu’on dénombre 15 grammes de terres rares dans un smartphone, 5 kg dans une batterie électrique, ou 600 kg dans une éolienne en mer.
Au cours de la quarantaine d’auditions qu’ils ont menées auprès d’acteurs économiques, de décideurs politiques, de chercheurs et de régulateurs, les rapporteurs de la commission établissent deux constats alarmants :
- D’abord, les pénuries de produits de santé et de matières premières ne sont que la partie émergée d’un immense iceberg.
Dans les faits, la perte de souveraineté économique progressive de notre pays depuis les années 1980, a fortiori au cours des années récentes, est bien plus transversale et bien plus profonde qu’on ne le soupçonne.
Elle frappe l’ensemble des secteurs (agriculture, industrie, numérique, énergie) et des thématiques (échanges internationaux, gouvernance des entreprises, données, communications, compétences) étudiés, dans des proportions rarement soulignées par les travaux préexistants consultés par les rapporteurs. - Surtout, nombre de ces dépendances et fragilités étaient connues ou dénoncées de longue date, mais se sont renforcées à la faveur de l’inaction des pouvoirs publics.
En matière d’importations alimentaires, de métaux précieux, de principes actifs pharmaceutiques ou d’infrastructures numériques, ce « laissez-faire » a conduit à une situation critique de grande vulnérabilité, et à une forme de captivité de nos politiques économiques, vis-à-vis d’importations désormais incontournables et d’États ou entreprises étrangers aux intérêts plus ou moins alignés avec les nôtres.
Le cas des infrastructures énergétiques et numériques
Le rapport sur la souveraineté économique revient sur les secteurs de l’énergie et du numérique.
Ils sont essentiels pour répondre aux besoins des citoyens et des entreprises françaises.
La décarbonation de notre économie – facteur d’indépendance vis-à-vis des énergies fossiles – génère un besoin important en installations de stockage de l’énergie, et rend plus pressant le développement de la filière nucléaire. Pour les réseaux de télécommunication – terrestres comme maritimes -, un investissement colossal est nécessaire pour venir soutenir la croissance des usages : il doit être partagé de manière plus équitable entre pouvoirs publics et acteurs privés, tout en assurant l’indépendance de ces infrastructures critiques vis-à-vis des grandes entreprises du numérique.
Les compétences et métiers de demain
La reconfiguration de notre économie, pour répondre aux défis numériques et environnementaux, génère de nouvelles activités et de nouveaux besoins en compétences.
Pourtant, les difficultés de recrutement s’accentuent dans de nombreux secteurs, l’offre de formation à certains métiers se raréfie et le renouvellement des générations fait craindre
une perte de savoir-faire qui mettrait en danger notre souveraineté numérique, industrielle et alimentaire.
Pour répondre à ces enjeux, les 3 sénateurs proposent des feuilles de route concernant 5 grands aspects de l’économie.
Ces feuilles de route et les mesures préconisées sont détaillées dans le rapport le 300 pages, disponible en suivant le lien ci-dessous.
Pour en savoir plus : le rapport complet sur le site du sénat