Entretien avec Etienne Jobbé-Duval, Co-fondateur de la société VIREO +
Tech Ethic (TE) : Pouvez-vous nous présenter votre société et votre positionnement sur votre marché ?
EJD : Vireo est une start-up qui agit sur le Marché Volontaire du Carbone. Elle met en relation des porteurs de projets environnementaux et les entreprises qui souhaitent participer à la neutralité carbone. Notre positionnement consiste à résoudre les problématiques présentes dans ce marché, tout d’abord rétablir la confiance des utilisateurs grâce à des projets qualitatifs et vérifiés à impact, avec un suivi et une traçabilité accrue.
Nous permettons également grâce à une marketplace simple et intuitive une accessibilité qui permettra à n’importe quel organisme de participer à des financements de projets.
TE : Quel est le périmètre technico-fonctionnel de votre solution ?
EJD : Notre solution est donc une marketplace en ligne, ou l’on peut choisir un projet selon des critères, et le financer selon le rapport TCo2/€. La transaction est faite directement sur le site et sera ensuite inscrite sur la blockchain via un smart contract. La transaction sera donc inscrite et un certificat unique est envoyé.
Cette étape est invisible pour l’utilisateur pour faciliter l’utilisation et la compréhension. Cet outil est donc surtout utile pour des organisations qui veulent financer des projets rapidement sans avoir à se préoccuper des supports et de la qualité qui est assurée.
TE : En quoi votre offre est-elle différente de l’offre concurrente ?
EJD : Notre différenciateur clé est principalement notre marketplace. Elle permet à n’importe qui de participer en quelques clics au financement d’un projet à impact, en recevant instantanément tous les documents dont elle a besoin (facture, support de communication, certificat de détention…).
Du côté éthique, nous sommes transparents sur nos méthodes, nos frais et les processus ce qui est assez rare sur ce marché. De plus, nous créons une relation de proximité avec les porteurs de projets qu’on essaye de rencontrer personnellement, d’aller voir le projet sur place et de retranscrire ce lien avec les contributeurs.
TE : Quels sont les usages qui illustrent le mieux l’utilisation optimisée qu’un client a fait de votre solution ?
EJD : Notre succès initial, qui nous a remplis de fierté, réside dans l’acquisition de nos premiers clients sur la marketplace. Cela a validé notre proposition de valeur, nous permettant d’attirer des clients plus petits avec des budgets plus limités que les grands groupes.
De plus, le financement participatif a permis aux projets environnementaux d’atteindre une partie de leur objectif de financement. Cette confirmation de l’utilité de notre solution nous rend fiers car ça montre que nous contribuons au développement de ce marché.
TE : Quels sont les bénéfices/ROI qu’il en a retiré ?
EJD : Dépendant du contributeur, les bénéfices sont différents. Mettons que c’est une entreprise soumise à la CSRD qui contribue, ce financement sera pris en compte dans les démarches liées à la CSRD et aux objectifs NetZéro.
De plus, de plus en plus d’organisations demandent un fort engagement climatique pour établir des partenariats donc ça peut-être également stratégique. Au niveau de la RSE c’est bien évidemment très impactant et un pilier très important dans ces démarches.
Pour finir, si ce qui est cherché est un ROI, le contributeur à la possibilité de ne pas déclarer au Label Bas Carbone les crédits carbone achetés comme faisant partie de leur stratégie RSE et pourra donc les revendre, en sachant que le prix de la tonne de carbone augmente d’année en année. Il peut donc souvent être intéressant.
TE : Pouvez-vous nous parler de votre modèle économique ?
EJD : Notre modèle économique s’articule autour de deux axes principaux, garantissant une diversification de nos sources de revenus et un impact positif sur l’environnement.
Premièrement, nous prévoyons une commission sur chaque transaction effectuée, que celle-ci se déroule directement sur notre plateforme ou en dehors. Ce mécanisme assure une rentrée financière stable et proportionnelle à l’activité de notre écosystème, nous permettant de pérenniser nos opérations et d’investir dans notre développement.
Deuxièmement, nous proposons un service d’accompagnement sur mesure aux porteurs de projets
environnementaux. Conscients du manque de supports de communication de qualité et de la complexité des informations à vulgariser, nous nous rendons sur le terrain pour créer du contenu visuel impactant (photos, vidéos).
Cette approche personnalisée, facturée sur devis, permet aux projets de valoriser leurs actions et de toucher un public plus large, favorisant ainsi la sensibilisation et le financement.
Enfin, nous développons des partenariats stratégiques avec des entreprises spécialisées dans la réduction et la mise en place de bilans carbone. Notre rôle d’apporteur d’affaires facilite la mise en relation entre ces entreprises et des organisations potentiellement intéressées, accélérant ainsi la transition écologique et élargissant notre réseau.
Ce modèle économique, basé sur la diversification, la valorisation des projets et les partenariats stratégiques, nous permet de créer de la valeur tout en contribuant activement à la protection de l’environnement.
TE : Proposez-vous aux prospects la possibilité d’essayer votre offre que ce soit par une version gratuite sur un périmètre limité ou par une période d’essai ?
EJD : Nous proposons aux entreprises de participer à un financement bas (à partir de 1 TCo2) pour tester la solution, le suivi et la relation avec le porteur de projet avant de mettre en place des financements plus importants pour qu’ils aient l’occasion de voir les processus, et être rassurés lorsqu’ils le mettront en place sur leurs démarches ESG en interne.
TE : Avec quels partenaires technologiques ou stratégiques “souverains” collaborez-vous ?
EJD : Notre partenariat avec FSC, établi dès le début de notre aventure, représente un pilier fondamental de notre engagement. Ensemble, nous œuvrons à promouvoir des initiatives qui préservent la biodiversité, réduisent les émissions de carbone et encouragent une gestion responsable des ressources forestières.
Nous proposons à nos clients des projets certifiés FSC®, assortis de la mention “impact vérifié” pour les services écosystémiques, garantissant ainsi la qualité et la transparence de nos actions. Ce partenariat avec FSC atteste de notre engagement envers des pratiques durables et renforce la crédibilité de notre plateforme.
En outre, nous travaillons en collaboration avec des acteurs du commerce du bois, assurant ainsi une chaîne d’approvisionnement responsable et contribuant à la promotion de pratiques forestières durables. Pour le côté technologique, nous travaillons sur la blockchain “Tezos” pour assurer les transactions et leur immuabilité.
TE : Quelles sont les autres services périphériques ou complémentaires que vous proposez
au marché en propre ou via des partenariats ?
EJD : Afin d’étendre notre impact et d’assurer une approche globale, nous collaborons étroitement avec des entreprises spécialisées dans les bilans carbones et dans la réduction de l’empreinte carbone et l’élaboration de stratégies RSE tel que Intersektion ou Releaf Carbon.
Cette synergie nous permet de couvrir l’ensemble des actions menées par les entreprises en matière de développement durable. En passant par Vireo et ses partenaires on peut donc agir sur tous les axes liés aux émissions de Co2.
TE : A quels défis le marché que vous servez est-il confronté ?
EJD : Le marché que l’on sert est confronté à beaucoup de défis. Tout d’abord, à cause de certains projets frauduleux ou d’entreprises qui faisaient du green washing (qui achetaient des crédits carbone peu chers à l’étranger sur des projets frauduleux sans avoir mis en place de vraie stratégie RSE) le marché manque de confiance des entreprises.
Le manque de suivi à également contribué à ce problème. Il faut donc via des projets, des processus et un axe très éthique redonner la confiance dans ce marché.
De plus l’accessibilité à ce marché était très compliquée et donc il n’était composé que de grands groupes avec les moyens et les ressources de financer des projets entiers.
Les PME et ETI ne pouvaient donc pas participer à ces financements car les porteurs préféraient que un seul acteur finance le projet en entier. De plus, les processus très chronophages sur le marché frenaient également son développement, d’où la mise en place d’une marketplace
accessible et rapide par VIREO.
TE : Quelle est votre vision sur l’évolution du marché à 5 ans ?
EJD : À 5 ans, nous voyons le marché grandement évoluer. Il a retrouvé la confiance des organismes officiels comme la SBTi, qui se sont rendu compte que sans ce marché les objectifs NetZero ne seront pas atteints et l’ont donc repris en compte.
De plus, au vu de l’évolution de la CSRD et de la prochaine deadline du NetZero (2030) de plus en plus d’entreprises vont devoir se pencher sur ces solutions pour atténuer leurs émissions résiduelles. Je pense donc qu’avec un bon travail de fond et de remise en place d’une base solide et qualitative du marché, il sera croissant et utile pendant de nombreuses années.
TE : Quels sont les services additionnels ou les fonctionnalités non disponibles aujourd’hui qui devront être développés ou proposés ?
EJD : Vireo à pour objectif de se placer comme la référence de confiance sur le marché volontaire
du carbone mais également sur toute la démarche ESG des entreprises.
Que ce soit via l’intégration de nos partenaires sur notre plateforme en proposant une offre de services environnementaux bien plus large ou par l’implémentation de nouveaux outils sur notre site ou sur ceux de nos partenaires le but est que lorsque l’on pense à Vireo, on pense à qualité et accessibilité.
TE : Etienne Jobbé-Duval, je vous remercie.
Pour en savoir plus :
> Le site Vireo
> La page Linkedin
> La chaine Youtube