Footbridge : traçabilité Blockchain et ACV (Analyse du Cycle de Vie)

2 ans ago
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Interview vidéo de Louis-Marie Vautier, Footbridge, par Thierry Bayon, Tech-Ethic.

 

 

Retranscription des échanges :

TE : ️ Bonjour Louis-Marie Vautier. Peux-tu te présenter ? Parce que je sais que tu as un passé d’entrepreneurs assez fécond et assez méritant.

LMV : ️ Méritant je ne sais pas, mais entrepreneur oui. J’ai créé ma première entreprise avec mon épouse Nathalie en 2004. On est parti d’une page blanche pour créer la première marque de mode éthique en France qui s’appelle Ekyog.

Ça a été une aventure à la fois passionnante et assez dense. Mode éthique ça veut dire quoi ? C’est une marque qu’on voulait engager du point de vue social et environnemental notamment avec une éco-conception à tous les niveaux, sachant qu’à l’époque il n’existait rien, que tout le monde s’en foutait, en tout cas dans le domaine du textile. Donc, on est parti à la rencontre de coton-culteurs en Inde qui s’étaient engagés dans une démarche bio et équitable avec quelqu’un qui a été le pilier du textile bio en Inde et qui avait un petit atelier à l’époque.

Donc, l’aventure a démarré comme ça. On a grandi ensemble, en 2004 il y avait 35 coton-culteurs au sein d’une petite coopérative, aujourd’hui c’est 35000 familles. Donc, une filière à laquelle on a participé à construire, qui est devenue la référence en matière de textile bio équitable en Inde. Ekyog a démarré de cette manière là et a grandi avec des collections qui se sont étoffées, etc.

Puis on a ouvert notre premier magasin en 2005, on en a ouvert 50 en l’espace de huit ans en France (majoritairement) et à l’international (notamment à Londres). Aujourd’hui la RSE est une problématique que toutes les marques de mode s’emparent. Mais à l’époque c’était loin d’être le cas. Et donc on bâtit beaucoup de choses avec la conception des magasins… on a été très loin dans la démarche. Mais ça a été passionnant et je pense qu’on a démontré des choses engagées avec du bon sens. Même en ayant des moyens limités.

Ensuite, la page d’Ekyog a été fermée en 2012. En 2016, je crée à nouveau avec Nathalie un projet qui s’appelle le GoodFabrik, donc toujours dans le textile, mais l’idée était de ne plus travailler seul dans notre coin, en apportant notre expérience auprès des marques et des enseignes textiles pour leur permettre de muter leur business modèle de s’engager dans l’éco-conception.

On était concentré sur du B2B auprès des acteurs textiles, des marques de mode, du luxe, jusqu’à la distribution alimentaire pour tout ce qui est sac zéro déchet en textile. Donc, un périmètre assez large. GoodFabrik compte trois métiers : un premier métier autour de la RSE, de l’accompagnement des marques dans leur stratégie RSE et surtout dans l’opérationnalisation de cette stratégie parce que le métier c’est bien mais faut-il encore pouvoir le mettre en œuvre. Deuxième métier, c’est l’éco design, le développement produit et la fabrication de produits sous la marque de nos clients.

TE : ️ D’accord, donc vous faites de la marque blanche?

LMV : ️ De la marque blanche, mais exclusivement sur les produits éco-conçu. Et puis le troisième métier, c’est Footbridge qui est la plateforme que l’on a lancée cette année et qui a fait le lien avec Matthieu Hug (c’est à ce moment-là qu’on a fait la connaissance de Mathieu).

TE : ️Matthieu Hug est le créateur de la plate-forme de traçabilité qui s’appelle Tilkal. Dans quelle mesure vous êtes-vous associé à Monsieur Hug ? Comment est-ce que la relation se passe entre vous ?

LMV : ️ Ça se passe très bien. En fait, on travaillait, réfléchissait depuis longtemps avec Nathalie à développer un outil qui soit un socle pour les marques dans leur démarche d’éco-conception. Et l’idée de pouvoir, au travers d’un outil digital, être capable d’accélérer cette mutation.

Notre expérience et savoir-faire qu’on met à disposition des clients c’est une chose, mais il nous semblait nécessaire de pouvoir imaginer une solution technologique qui soit un véritable outil d’accélération de mutation. On a beaucoup réfléchi sur le sujet et on a beaucoup travaillé avec Nathalie sur la question, pour que l’outil soit vraiment centré sur notre métier qui est l’industrie textile.

On a des compétences industrielles, d’éco design, etc, mais on n’a pas des compétences technologiques. Donc il fallait savoir comment on allait avancer. On a rencontré l’équipe Tilkal, Mathieu et Joseph (les deux cofondateurs) à la fin de l’année dernière. Pour voir dans quelle mesure, eux avaient une plate-forme de traçabilité blockchain très solide et qui était effectivement un savoir-faire. L’idée c’était de pouvoir trouver un partenaire pour nous qui avait justement ce savoir-faire technologique et qu’on puisse associer nos forces pour développer une plate-forme qui soit vraiment dédiée à la mode et qui associe à la fois la traçabilité blockchain et l’ACV.

TE : Quand tu parles de cycle de vie, est-ce que c’est la même chose qu’on entend par PLM (Product Lifecycle Management), ou qui sont des solutions complètes voir complexes, c’est vers ça que vous tendez ?

LMV : Non, l’ACV c’est quelque chose d’assez complexe puisque c’est un calcul qui s’appuie sur des bases de données existantes. Il permet de calculer l’impact d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie : de la culture de la matière première jusqu’à la fin de vie du produit qui finit à la poubelle dans certains cas (aujourd’hui c’est souvent le cas lorsque l’usage est terminé). Donc, ça calcule l’ensemble de l’impact environnemental de ce produit. La phase de fabrication du produit a un impact très important.

Au sein de Footbridge, on a les trois principaux critères d’ACV qui sont l’approvisionnement de l’eau, le changement climatique et les ressources fossiles. On calcule justement l’impact de chaque produit implémenté sur notre plate-forme sur ces trois facteurs d’impact.

On est capable aussi de pouvoir le mesurer par rapport à un produit standard conventionnel pour permettre aux équipes à la fois de travailler sur l’éco-conception (essayer de limiter l’impact le plus possible) et aussi au travers ce qu’on appelle Spotlight (une application mobile consommateur qui permet de communiquer à la fois la traçabilité complète du produit et son impact environnemental).

TE : Aujourd’hui quel est le message? Vous recherchez des partenaires d’activité où vous êtes plus dans une démarche de développement commercial de votre offre?

LMV : ️On travaille vers un avenir florissant. Footbridge a été officiellement lancé et travaille avec des clients et des marques intéressées par cet outil. Les retours sont vraiment très positifs. Nous sommes toujours en développement opérationnel pour aborder nos premiers clients, on est à la fois en phase de développement commercial et de développement technique. On renforce donc l’équipe. On a un partenaire, on va s’appuyer sur nos forces.

TE : Donc, votre modèle économique est à la fois un modèle de consultants et à terme avec une dimension éditeur de logiciel de technologie. C’est comme ça que vous le voyez?

LMV : D’un côté d’activité Footbridge , donc la partie conseil, accompagnement en RSE la partie produit. Footbridge est en fait une plate-forme Saas.

TE : Du coup, la plate-forme Saas permet d’ouvrir un peu plus le marché, ou vous vous adressez à des cibles plus particulières que ce que vous faites en conseil où les deux se font dans un certain angle avec une phase un peu en amont, puis après on passe à l’opérationnalité de la théorie en utilisant un outil tel que Footbridge ?

LMV : Déjà, à la base on est des gens très opérationnel. Footbridge on l’a pensé, il existe comme une plate-forme à la fois opérationnel dans sa façon de fonctionner et que ce soit à la fois un outil d’aide à la décision pour l’ensemble des marques, mais qui va aussi fédérer l’ensemble de leur filière. C’est-à-dire, un métier très fragmenté avec multitude d’acteurs pour arriver au produit fini.

Fabriquer un vêtement c’est un vrai métier, c’est très complexe. Et l’idée au travers de FootBridge c’est aussi de renforcer ce partenariat que peuvent avoir les marques avec l’ensemble des acteurs qui ont contribué à fabriquer leurs vêtements. Ce qui n’était pas du tout la démarche jusqu’à maintenant. Mais si on veut rentrer dans une vraie démarche d’éco-conception, c’est ce qui est nécessaire. Parce qu’on ne peut pas revendiquer l’éco-conception d’un produit si on ne sait pas de quelle manière il est fabriqué et par qui.

Or, la problématique dans notre métier c’est que la grande majorité des acteurs ne savent pas comment sont fabriqués leurs produits. La plupart ont une visibilité sur rang, c’est-à-dire la construction (la dernière étape), mais tous les acteurs ne connaissent pas les actions en amont. Donc, l’intérêt de Foot Bridge c’est de responsabiliser (au travers de la block chain) l’ensemble des acteurs de la filière pour qu’ils communiquent les informations liées à la fabrication de leur produit et qu’on puisse avoir une vraie traçabilité, à communiquer auprès des consommateurs.

TE : Comment définirais-tu un client type en quelques mots ?

LMV :  D’une part, Footbridge est vraiment centré sur le secteur textile, de la mode, de l’habillement… c’est tout le secteur que l’on est capable d’accompagner, que ce soit des enseignes où même de la grande distribution activité textile (par exemple de la décoration textile). Ils vont pouvoir utiliser la plateforme, sachant que Tilkal notre partenaire a également une plateforme de traçabilité donc les deux vont avancer de pair. Nous, on apporte la spécialisation textile et la partie ACV en plus de la partie traçabilité. Ça c’est la différenciation de FootBridge.

TE : L’application mobile pour les particuliers va sortir une fois que vous aurez vos premiers clients, ou existe peut-être déjà?

LMV : Aujourd’hui, on va faire bénéficier nos clients, pour lesquels on fabrique certains produits, de l’utilisation de cette application mobile sur les produits qu’on leurs fabriquent. Nos produits ont un QR Code que le consommateur pourra flasher. Il arrivera sur une plate-forme *montre la plateforme sur la vidéo* et aura ensuite accès à l’ensemble de la traçabilité des produits. Cette application existe déjà. Certains clients vont pouvoir présenter l’histoire de leur produit au travers de Footbridge dans les prochains mois, quand leurs produits seront dans les normes ?

TE : Merci Louis-Marie Vautier 

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