Digital Ethic Officer, ou DEO : encore un sigle ?
Certains vont en sourire, car on ne compte plus les “Officers” qui ont fait leur apparition ces dernières années. Le terme s’apparente d’ailleurs, involontairement, à un langage guerrier qui peut laisser perplexe. “Happyness Officer” n’est-il pas un oxymore ? Peut-être gagnerait-on à franciser ces appellations pour les adoucir.
Toujours est-il qu’un petit nouveau pointe son nez à la porte des organisations : le Digital Ethic Officer, ou DEO.
Qui est-il plus précisément ?
C’est une déclinaison d’un Digital Officer, adapté aux nouveaux besoins en termes d’éthique dans les entreprises.
Il n’aura échappé à personne que la notion d’éthique est devenu prépondérante dans les organisations. Et ce “switch” s’est produit presque soudainement.
Tout le laissait prévoir, mais la pandémie et la réorganisation sociétale qui s’ensuit ont donné un coup d’accélérateur à cette émergence.
La question de l’éthique des organisations et de leurs actions est placée pour longtemps au cœur de l’actualité.
Par ailleurs, les scandales liés à l’utilisation des données, aux violations de données et à l’ambiguïté entourant la gouvernance des données ne sont pas nouveaux. De tels incidents ont donné lieu à un discours public sur l’élément «éthique» du «numérique», les données et les technologies sous-jacentes qui alimentent la transformation.
Les conséquences éthiques pour la vie privée, la sécurité et les incertitudes entourant l’utilisation «numérique» font l’objet d’un examen critique assez récent.
Digital Ethic Officer : une fonction encore peu présente en France
Si l’on fait une recherche sur Linkedin, qui reste la meilleure base de données en matière de ressources humaines, on reste sur sa faim.
Le Digital Ethic Officer est pour le moment quasi inconnu, surtout si on limite la recherche à la France.
Toutefois, c’est un prisme particulier, qui peut induire en erreur. Il suffit par exemple de faire une recherche sur “Ethique”, pour trouver un bon nombre d’occurrences.
Ce qui est plus significatif, c’est que les offres d’emploi n’en font pas encore mention.
De même, si l’on francise cette appellation en “responsable de l’éthique digitale”, on ne rencontre guère de présents ou de postes proposés.
En matière de postes occupés ou proposés, on s’en tient pour le moment au plus classique “digital officer”, ou chief digital officer.
Preuve qu’il reste une petite marche à grimper, mais elle n’est pas si haute.
Il faut désormais inclure l’éthique dans le package.
Quelles attributions, quel rôle ?
Il faut donc chercher en dehors de nos frontières pour analyser un peu plus cette nouvelle fonction.
Elle est esquissée ainsi par certains précurseurs, tels que insight.namescan.io :
“Au sein des entreprises, le Digital Ethic Officer joue un rôle central dans la conformité réglementaire. Il contrôle et réglemente les systèmes de conformité internes, et l’adoption de nouvelles technologies. En tant que personne clé qui réglemente l’utilisation éthique de la technologie, sa responsabilité va au-delà de la notion de conformité. Cela signifie qu’il doit développer de meilleures pratiques éthiques qui alignent l’entreprise sur les dernières nouveautés en matière de RegTech. Ils sont aussi responsables de toutes les conséquences juridiques ou financières pouvant résulter d’un manquement au respect éthique.”
C’est un périmètre assez clair, et qui montre bien la somme de responsabilités qui risque d’incomber prochainement à ces nouveaux chevaliers blancs.
“Un Digital Officer définit le cadre éthique d’une entreprise. En fonction de la nature du travail, de l’industrie, de l’empreinte territoriale, des politiques internes et des réglementations en vigueur.
Chaque entreprise ou industrie est exposée à son propre contexte de risques et de réglementations. Dans le même temps, les politiques internes de surveillance, de gouvernance des données, de valeurs commerciales et d’utilisation de la technologie diffèrent d’une entreprise à l’autre. Le responsable numérique prend en compte tous ces facteurs pour formuler des niveaux de risque (avec des freins et contrepoids). Il doit notamment aligner les stratégies sur les valeurs de l’entreprise (examiner si une étape est juste), créer les paramètres d’utilisation de la technologie (stratégie) et construire le modèle de conformité (règles et règlements).”
Et dans l’avenir ?
Nous devons le garder à l’esprit : ce n’est pas parce que nous avons la capacité de déployer une nouvelle innovation technologique que nous devons le faire . Donner la priorité à l’éthique numérique devient de plus en plus important pour toutes les organisations soucieuses de l’empreinte qu’elles laissent sur la société.
Toutes les organisations n’auront pas le besoin ou la capacité d’investir dans un nouveau rôle de supervision de l’éthique. Mais pratiquement toutes les organisations devraient interroger leur responsable de la sécurité de l’information. Il devrait consacrer suffisamment de temps à anticiper et à traiter la façon dont les innovations technologiques pourraient être mal utilisé.
Il faut souhaiter l’intégration rapide de cette dimension éthique (voire écologique) dans un grand nombre de formations dédiées au numérique.
Les futures recrues ne pourront que s’en féliciter et adhérer plus facilement aux projets d’entreprises.
à lire sur ce sujet :
https://www.csoonline.com/article/3396037/digital-ethics-rising-in-importance.html